Posted by on 7 avril 2024

« La résurrection en tant que telle n’est repérable historiquement que par l’avant et l’après.
L’avant parce que le Christ est mort et qu’il a été mis au tombeau. L’après, c’est le tombeau vide…
Le signe qui nous est donné est précisément la disparition du corps. Le signe qui est donné, c’est l’affirmation que la nature ne triomphe pas du corps.

Il est difficile de l’expliquer comme il faudrait, sans faire de la philosophie. Au fond, qu’est-ce que c’est que la condition humaine, la condition mortelle ? Nous sommes nature et liberté. Nature, c’est ce que nous avons en commun avec les animaux, les végétaux, etc. Mais en même temps nous sommes liberté et le propre de la liberté, c’est de triompher de la nature, sans quoi à quoi servirait la liberté ? Or la mort est un grand scandale parce que dans la mort c’est précisément la nature qui est victorieuse de la liberté ; la liberté est obligée de s’incliner devant la nature, c’est la nature qui est victorieuse. Cela est la condition mortelle. Nous sommes dans un système où la mort est mêlée à la vie, où le scandale – le paradoxe – est que la liberté, qui existe pour dominer la nature, est finalement dominée par la nature. « Tout va sous terre et rentre dans le jeu » (Paul Valéry, le cimetière marin, strophe 16).

Alors le tombeau vide est le signe que tout cela n’est que provisoire. Que tout cela est le système d’un monde de péché mais que, au-delà du monde du péché, la nature n’est pas victorieuse. Le tombeau vide signifie que l’esprit, ou l’amour, est vainqueur finalement de la nature. C’est pourquoi le signe du tombeau vide est plus important que certains voudraient le laisser entendre…
La résurrection du Christ, ce sont les prémices de la fin du système où la mort est mélangée à la vie… Pour qu’il y ait résurrection, il faut que le signe du règne de la mort soit aboli. Or la disparition du cadavre est le signe de la suppression du règne de la mort…
La Résurrection finalement est l’inversion des rapports entre le corps et l’âme, l’inversion des relations entre le corps et l’esprit… Ici-bas l’esprit est dominé ; dans la Résurrection l’esprit est dominant. Ici-bas nous sommes dans le monde ; dans la Résurrection le monde est en nous ».

François Varillons s.j. dans « La Pâques de Jésus » (ed. Bayard 1999 page 150-151)